conduire une interview d’enquête Réussi
Conduire une interview avec succès est un art et ne doit pas être considéré comme un procédé mécanique. Chaque interview est une nouvelle source d’informations, rendez la donc intéressante et agréable. L’art d’enquêter se développe avec la pratique. Cependant, il existe certains principes de base que les enquêteurs et superviseurs doivent suivre pour réussir leurs interviews. Dans cette section, vous trouverez plusieurs directives générales sur les manières d’établir de bons rapports avec les enquêté(e)s et de mener avec succès une interview.
Comment établir de bons rapports avec l’enquêté(e)
Pour chaque ménage sélectionné, le superviseur désignera l’enquêtrice/enquêteur qui va établir le premier contact. N’importe quel adulte en bonne santé mentale et membre du ménage ou responsable d’une institution ou son représentant, est qualifié pour répondre aux questionnaires ménage ou guide d’entretien.
L’enquêteur et l’enquêté(e) sont des personnes étrangères l’un(e) pour l’autre et l’une des tâches principales d’un enquêteur est « d’établir le contact ». La première impression que l’enquêté(e) aura de vous, influera sur sa bonne volonté à coopérer à l’enquête. Assurez-vous que votre tenue est correcte et votre attitude amicale quand vous vous présentez. Il est important que vous sachiez qu’avant de commencer à travailler quelque part, votre chef d’équipe aura informé les autorités locales, qui diront, à leur tour, aux hommes et femmes de la localité que vous allez venir les interviewer. On vous donnera également une lettre ou badge qui attestera que vous travaillez pour le compte du Groupement.
a) Donner une bonne impression dès le début
Faites de votre mieux pour mettre votre interlocuteur (enquêté(e)) à l’aise. Avec quelques mots bien choisis, vous pouvez mettre l’enquêté(e) dans un bon état d’esprit favorable pour l’interview. Commencer l’interview avec un sourire et les salutations (Bonjour ou Bonsoir), puis présentez-vous. Une courte discussion sur les préoccupations de l’enquêté(e) peut aider à établir un bon rapport « Enquêté(e)-enquêteur ». Cependant, vous devez éviter une longue discussion, passez vite à l’interview.
b) Ayez toujours une approche positive
N’adoptez jamais un air d’excuses, et n’utilisez pas des expressions telles que « Êtes-vous trop occupé(e) ? » De telles questions risquent d’entraîner un refus avant même de commencer. Dites plutôt à l’enquêté(e), « Je voudrais vous poser quelques questions » ou « Je voudrais m’entretenir avec vous quelques instants. »
c) Mettez l’accent sur le caractère confidentiel des réponses, si nécessaire
Si l’enquêté(e) hésite à répondre à l’interview ou demande à quoi serviront ces informations, expliquez que les données que vous collectez resteront confidentielles ; qu’aucun nom d’individu ne sera utilisé dans aucun cas ; et que tous les renseignements seront mis ensemble pour rédiger un plaidoyer en vue d’une prise en compte accrue des besoins des populations/institutions dans les interventions des acteurs de développement. En outre, vous ne devez jamais mentionner d’autres interviews ou montrer des questionnaires complétés à d’autres enquêteurs, enquêté (e) ou toute autre personne.
d) Répondez franchement aux questions de l’enquêté(e)
Avant d’accepter d’être interviewé(e), l’enquêté(e) pourrait vous poser quelques questions concernant l’enquête ou la façon dont il/elle a été sélectionné(e). Soyez direct(e) et souriant(e) quand vous répondez. L’enquêté(e) pourrait également s’inquiéter de la durée de l’interview. Si la demande est faite, si le répondant est une femme, dites-lui qu’habituellement, l’interview dure 15 minutes. Précisez que vous êtes disposée à revenir à un autre moment si l’enquêté (e) n’est pas disponible à ce moment-là pour répondre aux questions. L’enquêté(e) pourrait vous poser des questions ou souhaiter parler amplement d’un sujet abordé pendant l’interview. Il est important de ne pas interrompre le fil de l’interview, ainsi, dites-lui que vous répondrez avec plaisir à ses questions ou discuterez amplement de ce sujet après l’interview.
Conseils pour conduire l’interview
a) Soyez neutre pendant toute l’interview
La plupart des gens sont polis et ont tendance à donner les réponses qu’ils pensent que vous souhaitez entendre. Par conséquent, il est très important que vous restiez absolument neutre pendant que vous posez les questions. Ne donnez jamais, soit par l’expression du visage soit par le ton de la voix, à penser à l’enquêté (e) qu’il/elle a donné la réponse « juste » ou « fausse » à la question. Ne donnez jamais l’impression d’approuver ou de désapprouver une des réponses de l’enquêté(e). Les questions ont été soigneusement conçues pour être neutre. Elles ne suggèrent pas la préférence d’une réponse sur une autre. Si vous ne lisez pas la question entièrement, celle-ci pourrait perdre sa neutralité.
Si l’enquêté (e) donne une réponse ambiguë, essayez d’approfondir, de manière neutre, en posant des questions telles que les suivantes :
« Pouvez-vous expliquer davantage ? »
« Je ne vous ai pas très bien compris, pouvez- vous reprendre, s’il vous plait ? »
« Rien ne presse. Prenez le temps d’y réfléchir »
b) Ne suggérez jamais les réponses aux enquêté(e)s
Si la réponse d’un(e) enquêté(e) n’est pas pertinente, ne l’aidez pas en disant quelque chose comme « Je suppose que vous vouliez plutôt dire que…. N’est-ce pas ? ». Très souvent il/elle sera d’accord avec votre interprétation de sa réponse, même si ce n’est pas le cas. Vous devez plutôt approfondir le problème de façon à ce que l’enquêté(e) lui/elle-même trouve la réponse pertinente.
c) Ne changez pas la formulation ou la séquence des questions
La formulation des questions et leur séquence dans le questionnaire ou guide d’entretien doivent être respectées. Si l’enquêté(e) a mal compris une question, vous devez répéter la question lentement et clairement. Si l’incompréhension persiste, vous pouvez reformuler la question en prenant soin de ne pas modifier le sens de la question d’origine. Donnez seulement le minimum d’informations nécessaires pour obtenir une réponse pertinente.
d) Traitez avec tact les enquêté(e)s qui hésitent
Il y aura des cas où l’enquêté(e) dira simplement « Je ne sais pas », donnera une réponse non pertinente, semblera s’ennuyer ou être désintéressé(e), contredira quelque chose qu’il/elle a dit précédemment. Dans de tels cas, vous devez essayer de raviver son intérêt à la conversation. Par exemple, si vous sentez qu’il/elle est intimidé(e) ou effrayé(e), essayez de la mettre en confiance avant de poser la question suivante. Passez quelques instants à parler de choses sans rapport avec l’enquête (par exemple, sa ville ou son village, le temps, ses activités quotidiennes, etc. méfiez-vous à ne pas vous laisser emporter).
Si l’enquêté(e) donne des réponses non pertinentes ou compliquées, ne l’arrêtez pas brusquement ou impoliment, mais écoutez ce qu’elle dit. Puis, essayez de la guider doucement vers la question de départ. Une bonne ambiance doit être maintenue durant toute l’interview. On parvient à la meilleure ambiance durant une interview quand l’enquêtée considère l’enquêteur comme une personne aimable, réceptive et sympathique qui ne l’intimide pas, et à qui elle peut tout dire sans se sentir intimidée ou embarrassée. Comme on l’a dit auparavant, l’une des stratégies principales pour gagner la confiance de l’enquêtée est de se trouver seule à seule avec l’enquêtée. Ce problème peut être prévenu si vous réussissez à trouver un endroit isolé où conduire l’interview.
Si l’enquêtée hésite ou n’accepte pas de répondre à une question, essayez de surmonter son hésitation en expliquant encore une fois que la même question est posée aux femmes à travers tout le pays et que les réponses seront mises en ensemble. Si elle continue à refuser, écrivez simplement « REFUS » à côté de la question et continuez comme si rien ne s’était passé. Souvenez-vous que l’enquêtée n’est pas obligée de répondre aux questions.
e) N’ayez pas d’idées préconçues
N’ayez pas d’idées préconçues sur les capacités et les connaissances de l’enquêté(e).
f) Ne précipitez pas l’interview
Posez les questions lentement pour que l’enquêté(e) comprenne bien ce qu’on lui demande. Après avoir posé une question, attendez quelques instants et donnez-lui le temps de réfléchir. Si l’enquêté(e) se sent bousculé(e) ou si on ne lui permet pas de formuler sa propre opinion, il/elle peut répondre « Je ne sais pas » ou donne une réponse inexacte. Si vous pensez que l’enquêté(e) répond sans réfléchir, simplement pour hâter l’interview, dites à l’enquêté(e), « On n’est pas pressé. Votre opinion est très importante, aussi réfléchissez à vos réponses avec soin. »